

Des pratiques à l’encontre de la santé publique et des enjeux écologiques
Les résultats sont clairs, les enseignes ont réalisé des progrès en matière de transparence, d’engagements et de plans d’action. Toutefois, on observe encore un décalage important avec leurs pratiques réelles qui ne prennent pas encore ou très peu en considération les enjeux écologiques et de santé publique.
Dans les rayons et dans les catalogues de promotions, la viande et les produits carnés ultra-transformés restent fortement surreprésentés au détriment des aliments végétaux de qualité.
La comparaison avec les distributeurs ailleurs en Europe montre que les enseignes françaises sont en retard.
Au niveau du contexte politique, le gouvernement vient de lancer avec 2 ans de retard sa consultation pour la SNANC, la Stratégie Nationale pour l’Alimentation, la Nutrition et le Climat, celle-ci présente de nombreuses lacunes.
Le Réseau Action Climat a sorti en mars son 3e baromètre sur la consommation de viande et révèle ainsi que les politiques publiques et les pratiques des distributeurs sont en contradiction avec les souhaits des consommateurs.
Plus d’ambition de la part des enseignes et de l’Etat
Si les enseignes françaises reconnaissent qu’elles pourraient en faire plus, elles considèrent aussi que certains blocages ne dépendent pas d’elles, mais de l’action insuffisante de l’Etat sur certains sujets.
Il est donc indispensable pour l’État de fixer des objectifs clairs pour aller vers une alimentation saine et durable, avec :
- Une offre plus importante et abordable de fruits, légumes, légumineuses, et produits biologiques et équitables ;
- Moins de viande, mais de la viande de qualité, produite en France, de façon durable, et qui garantit un revenu suffisant aux éleveurs.
Les pouvoirs publics doivent aussi impérativement adopter des mesures ambitieuses pour atteindre ces objectifs, et en priorité :
- Adopter un plan pour développer la consommation d’aliments végétaux de qualité et la structuration des filières de fruits, légumes et légumineuses ;
- Interdire la publicité et le marketing pour les produits trop gras, trop sucrés et trop salés ciblant les enfants, sur tous les médias audiovisuels ;
- Contraindre les distributeurs à proposer en majorité des promotions sur des aliments bons pour la santé et davantage de promotions pour les produits biologiques.
L’étude se base sur 55 entretiens avec des experts et des professionnels du secteur dont plusieurs DG et PDG.
Retour sur l’atelier ALTAA « Grande distribution : quels leviers pour agir sur ce maillon des systèmes alimentaires dans les territoires en transition ? »
Le rapport du RAC relève que les distributeurs reconnaissent également le besoin de co-construire collectivement – acteurs économiques, pouvoirs publics et société civile – des règles du jeu et des objectifs communs pour transformer le secteur agroalimentaire. Cette co-construction doit également se jouer localement afin que les magasins puisse proposer une offre en adéquation avec les objectifs et demandes de leurs territoires d’implantation. Ces questions ont été discutées au sein de l’alliance ALTAA dans le cadre d’un atelier en ligne organisé le 21 janvier 2025 et se poursuivent dans le cadre du projet « Grande distribution et territoires » (voir également pp96-97 du rapport du Réseau Action Climat).