Nouvelle étude FNH – Pour sauver la filière bio, l’Etat doit mobiliser les acteurs privés

  • Environnements alimentaires
Alors que la France, ainsi que ses voisins européens, traversent une crise agricole qui dévoile toutes les failles d'un système incapable de rémunérer décemment ses producteurs et productrices, des solutions existent qui n'opposent pas avancées sociales et écologiques. En matière de soutien à la filière bio, bien qu’indispensable pour relancer la demande de produits biologiques, la restauration collective ne suffira pas. La restauration commerciale et la grande distribution doivent également être mobilisées. C'est la conclusion de la nouvelle étude de la FNH "Agriculture bio : quels débouchés pour sauver la filière ?" ALTAA vous propose ci-dessous des éléments de synthèse de cette étude.
FNH_Rapport_débouches_bio
Fondation pour la Nature et l'Homme

A partir de janvier 2024, la France a six ans pour atteindre l’objectif qu’elle s’est fixé : atteindre 21 % de la Surface Agricole Utile (SAU) en agriculture biologique en 2030[1]. Cependant, l’atteinte de cet objectif semble déjà compromise : la surface agricole en bio est de 10,7 % actuellement et la filière biologique française traverse une crise sans précédent.

Pour sortir de cette impasse, la question des débouchés de la bio est centrale. La FNH a donc estimé, dans cette étude, l’impact de l’évolution de la consommation de bio sur l’augmentation des surfaces agricoles cultivées en bio. Le résultat est sans appel : inclure 20% de produits bio en restauration collective est une étape nécessaire, mais insuffisante. Il sera également nécessaire d’introduire 20% de bio dans les achats de la restauration commerciale (hôtels, cafés, restaurants) et d’atteindre 7,8% de bio dans la consommation à domicile pour que l’Etat respecte ses engagements et assure un avenir à la filière.

Les recommandations de politiques publiques de la FNH

Poursuivre le développement des débouchés en mobilisant l’ensemble de la restauration hors-domicile

  • Créer un fonds EGAlim pour accompagner la restauration collective publique des secteurs de la santé et du médico-social et garantir l’exemplarité de chaque restaurant collectif d’Etat d’ici la fin de l’année 2024.
  • Inclure l’atteinte des objectifs des lois EGAlim et Climat et Résilience dans les critères d’inspection des restaurants collectifs fixés par la Direction Générale de l’Alimentation.
  • Mettre en place une bonification durable du titre restaurant pour récompenser les salariés qui achètent leur repas dans des restaurants proposant une offre alimentaire durable.
  • Rendre obligatoire, dès à présent, l’affichage dans chaque restaurant commercial du pourcentage de produits durables dans ses achats et étendre, dans un second temps, les obligations EGAlim à l’ensemble de ce secteur. 
  • Renforcer, dans les formations continues et initiales de l’hôtellerie et de la restauration, les enseignements consacrés à l’agriculture biologique et à la durabilité de l’offre alimentaire des restaurants (« moins et mieux » de viande, produits bruts, diminution du gaspillage alimentaire, etc.).

Instaurer une véritable politique alimentaire pour renforcer la consommation de produits biologiques à domicile

  • Renforcer les aides du Fonds « Mieux manger pour tous » destinées à financer des expérimentations favorisant l’accès à tous, en particulier aux plus précaires, aux produits durables (ex : chèque alimentaire durable). 
  • Inciter les distributeurs à proposer des paniers de produits biologiques de première nécessité à prix réduits, en période de hausse des prix alimentaires.
  • S’assurer que le futur affichage environnemental ne pénalise pas, mais au contraire, valorise les produits biologiques.
  • Rendre obligatoire la transparence de l’information de la part des acteurs de la distribution et de la transformation sur les prix et les marges réalisés sur les produits biologiques, ainsi que sur le pourcentage de produits durables dans leur offre alimentaire.
  • Renforcer les financements publics destinés à la communication sur le bio (Agence Bio, Santé Publique France) et inciter les interprofessions et les acteurs de l’industrie agroalimentaire et de la distribution à promouvoir le bio dans leurs campagnes publicitaires.

Pour aller plus loin :