En France comme ailleurs en Europe, les politiques de l’alimentation manquent d’ambition, de moyens, et de cohérence alors qu’elles sont essentielles pour répondre aux nombreux enjeux de santé publique, d’environnement, d’autonomie stratégique ou d’inégalités économiques.
Les travaux de l’IDDRI suggèrent que pour surmonter ces limites, un véritable changement de paradigme doit être opéré dans la politique de l’alimentation. Les outils existants d’information et d’éducation doivent être complétés par des mesures permettant de construire des environnements alimentaires justes. Acteurs publics comme privés doivent revoir leurs ambitions à la hausse et l’action publique doit gagner en cohérence entre les échelles, du niveau européen au local.
Des exemples intéressants existent à travers l’Europe, et permettent de penser dès maintenant une politique de l’alimentation ambitieuse. A travers une analyse des politiques publiques de 11 pays à travers l’Europe. L’IDDRI a identifié une série de mesures prometteuses et inspirantes dans les différents champs de la politique de l’alimentation (du social à la santé en passant par l’environnement). Portant sur les quatre dimensions (physique, économique, socio-culturelle, cognitive) des environnements alimentaires, ces politiques montrent qu’il est possible d’agir pour une alimentation durable, saine et accessible.
- Pologne et Suède : des idées pour enrichir un « service public de l’alimentation ». En Suède, repas gratuit à la cantine pour tous le enfants sur la base des recommandations nutritionnelles nordiques (plus de produits végétaux, des produits laitiers en modération, moins de viande rouge et de volaille). En Pologne, des restaurants commerciaux ouverts à tous subventionnés par le gouvernement pour proposer des plats à bas prix.
- Finlande : changer l’offre et s’appuyer sur les acteurs d’un territoire pour changer la demande. Formation des communautés locales (associations de femmes, leaders d’opinion locaux); collaboration avec le maillon industriel (boulangerie, lait, charcuterie, huiles végétales) pour inciter à la reformulation des recettes des produits et avec le maillon agricole pour promouvoir certaines cultures; et importantes campagnes de prévention publiques. Une stratégie qui a montré son efficacité pour transformer les habitudes alimentaires des habitants d’une région face à de forts taux de mortalité par maladie coronarienne.
- Danemark et Pays-Bas : une stratégie « de la fourche à la fourchette » pour le végétal. Aux Pays-Bas, l’objectif d’atteindre 50 % de protéines d’origine végétale dans l’alimentation des Néerlandais d’ici à 2030 c’est traduit par un soutien fort du gouvernement à la recherche, à l’évolution de l’environnement réglementaire et de l’investissement et par le ralliement des acteurs privés, notamment des distributeurs, qui commencent à mobiliser leurs leviers (placement, promotion, prix, produits) pour accroitre leurs ventes de protéines végétales. Le Danemark s’est quand à lui doté d’un Plan d’action pour le végétal et un fonds d’innovation pour le végétal (budget de 140 millions d’euros 2025-2030) afin de soutenir et accompagner les différents acteurs de la chaîne alimentaire.