L’injuste prix de notre alimentation Quels coûts pour la société et la planète ?

Étude majeure publiée aujourd'hui par le Secours Catholique-Caritas France, le Réseau CIVAM, Solidarité Paysans et la Fédération Française des Diabétiques. Une analyse des dépenses publiques dans notre système alimentaire actuel qui souligne ses incohérences et révèle l'ampleur des coûts sociétaux engendrés.
Injuste prix alimentation Secours Catholique

19 milliards d’euros de dépenses publiques compensatoires

En se basant sur le travail de chiffrage du Basic, le rapport montre que nous dépensons à minima 19 milliards d’euros pour compenser les impacts du système alimentaire. Il s’agit là très majoritairement d’impacts sur la santé (11,7 milliards d’euros) mais aussi d’impacts environnementaux (3,4 milliards d’euros) et sociaux (3,4 milliards d’euros).

8 millions de personnes en insécurité alimentaire

Au delà de ces chiffres de nombreux impacts ne peuvent être comptabilisés :

  • 8 millions de personnes en insécurité alimentaire
  • une augmentation de 160% du diabète en 20 ans
  • 18% des agriculteurs sous le seuil de pauvreté et une surexposition au suicide
  • l’effondrement de la biodiversité, avec une disparition de 30 % des oiseaux des champs en 15 ans.

5,5 milliards d’euros de dépenses publicitaires privées pour des produits nocifs pour la santé

Ces chiffres témoignent de la faible prise en compte par nos politiques publiques des enjeux environnementaux et sociaux. Ces chiffres témoignent également d’un non-sens : d’un côté nous dépensons des milliards pour compenser les impacts sur la santé, de l’autre les investissements publicitaires et de communication du secteur agroalimentaire s’élèvent à 5,5 milliards d’euros pour orienter les consommateurs vers des produits trop gras, trop sucrés ou salés (en 2023).

48 milliards d’euros de soutien public à ce système alimentaire

A ces 19 milliards, le rapport chiffre à plus de 48 milliards d’euros le soutien public aux acteurs du système alimentaire. Et, surprise ! Le premier financeur du système alimentaire n’est pas l’Union européenne via la PAC mais l’État par de couteuses exonérations sociales et fiscales. Non conditionné à des pratiques écologiques et sociales, son soutien est très majoritairement aveugle. Aveugle il n’est cependant pas neutre : en consolidant la rentabilité d’acteurs économiques, il structure et oriente le système alimentaire.

Comment en sortir ?

Démocratiser notre système alimentaire

Le Réseau CIVAM, le Secours Catholique-Caritas France, Solidarité Paysans et la Fédération Française des Diabétiques appellent à démocratiser notre système alimentaire et à le doter d’une boussole écologique et sociale par l’adoption d’une loi-cadre sur le droit à l’alimentation.

Se mobiliser

Ils lancent collectivement la campagne « Tout le monde à table », avec 30 événements locaux pour en discuter.

Agir sur les territoires

Les auteur·rices de l’étude participent à la table ronde des Rencontres ALTAA 2024 : « Les coûts sociétaux de notre alimentation : comment nous en emparer pour agir sur les territoires ? « 

En dialogue avec : Martin Rieussec-Fournier, Administrateur de la mutuelle familiale; Justine Pierrard, Directrice de la Maison de l’Alimentation et la Nutrition en Grand Est MANGE ; Katie Palmer, Directrice de Food Sense Wales et les participant·es aux Rencontres.