Relai Inf’OGM : ce que cache la proposition de nouvelle législation OGM européenne

  • Plaidoyer
Inf'OGM souhaite porter à la connaissance de l'alliance ALTAA les enjeux soulevés par la nouvelle réglementation des OGM proposée par la Commission européenne le 5 juillet 2023. Celle-ci serait un tournant historique et reviendrait sur tous les acquis de la législation actuelle : la quasi totalité des OGM ne seraient plus soumis aux obligations d’évaluation des risques, de traçabilité et d’étiquetage. Veuillez-trouver leur communiqué ci-dessous.
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Les dates clés

  • 11 décembre 2023 – le Conseil des ministres de l’agriculture de l’UE doit se prononcer sur le texte & la Commission Agriculture du Parlement votera le texte
  • 31 décembre 2023 – Fin de mandat de la présidence espagnole, volonté de sécuriser des accords de principe
  • 11 janvier 2024 – la Commission environnement du Parlement votera le texte
  • Jusqu’en février 2024 – la proposition continue à être négociée en trilogue

Nul ne sait le calendrier exact de la prise de position de l’ensemble des Etats-membres au sein du Conseil de l’Union Européenne. La proposition sera-t-elle adoptée avant les élections européennes de juin et le renouvellement de la Commission ?

Pourquoi nous sommes à un tournant historique pour le futur de l’agriculture et l’alimentation

La Commission propose de diviser les plantes génétiquement modifiées et les produits qui en sont issus (aliments pour humains et animaux notamment) en deux catégories. Pour les OGM de la catégorie 1 dits « NTG  [pour Nouvelles techniques génomiques]1 », la réglementation actuelle serait totalement écartée. Pourquoi ? Ces OGM sont considérés comme pouvant, en théorie, apparaître spontanément dans la nature ou être obtenus par sélection conventionnelle. Ici, fini le principe de prévention, remplacé par une simple procédure de vérification, sans évaluation des risques. Or, les critères permettent que la plupart voire la totalité des OGM actuels et futurs soient aspirés dans cette catégorie peu stricte. En savoir plus

Finies aussi la traçabilité et l’étiquetage. Seules les semences seraient étiquetées, et non les denrées alimentaires ou les aliments pour animaux. Et même pour les semences, faute d’obligation de traçabilité et de fournir une méthode de détection, comment des contrôles pourraient-ils assurer l’effectivité de cet étiquetage ? Les distributeurs ne pourront plus assurer la liberté aux consommateurs de choisir entre consommer des OGM ou pas, et les agriculteurs auront de grandes difficultés à éviter de cultiver des OGM s’ils le souhaitent. Or, le texte ne prévoit aucun plan de surveillance des OGM mis en culture ou commercialisés. Les États membres ne pourront pas mettre en oeuvre des mesures de prévention de contamination OGM dans la nature, ou s’opposer sur leur territoire à la culture de ces OGM. Au-delà des risques non évalués pour l’environnement, cette absence de garanties fait peser de lourdes incertitudes sur les filières sans OGM, qu’elles soient bio ou non. En savoir plus

Des eurodéputés voudraient même revenir sur le cahier des charges de l’agriculture biologique pour y insérer des “OGM bio”.

Ce virage opéré par la Commission européenne est le fruit d’un intense travail de lobby de quelques multinationales semencières, qui va plus loin que les préconisations de ses propres experts de l’AESA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments). Et les enquêtes d’Inf’OGM révèlent que les pressions pour déréglementer les OGM ne visent probablement pas à commercialiser des semences innovantes ou performantes, mais à renforcer la main-mise des multinationales sur le vivant par le dépôt massif de brevets, ce qui inquiète les semenciers de moyenne taille, à l’instar d’un semencier français : “ l’activité foisonnante qu’on trouve autour des NBT [New Breeding Techniques] est plus des dépôts de brevets, qui sont une menace pour les semenciers de taille intermédiaire ou moyenne et petite et les agriculteurs, qu’autre chose”.

Ce débat est donc crucial pour le futur de l’agriculture et de l’alimentation en Europe – parce qu’il aura des effets directs sur les filières sans OGM et les possibles contaminations, mais surtout parce qu’il participe à façonner le future modèle agricole européen. Aux côtés des modifications génétiques des semences, sont promues la robotisation et la numérisation de l’agriculture, et le renforcement de la privatisation du vivant.

Une large gamme d’acteurs commencent à faire front contre cette réglementation : les associations de consommateurs, les associations environnementales, des syndicats agricoles, des transformateurs…

Passer à l’action

Contacter Inf’OGM : infogm@infogm.org

Se rapprocher des associations françaises mobilisées : le collectif Objectif Zéro OGM, Greenpeace, Pollinis, et certaines associations de consommateurs.

Pour aller plus loin

Inf’OGM, média associatif qui produit et diffuse une information critique, mais fiable et sourcée sur ces sujets, a pour mission de nourrir le débat démocratique. Que vous soyez une association, une collectivité territoriale, un collectif citoyen, un.e élu.e travaillant pour l’agriculture et l’alimentation durable, votre positionnement dans ce débat crucial compte. Inf’OGM est là pour informer toutes les organisations qui le souhaitent.